La Grande-Rabat-Joie

Publié le par Maytook, le grand scroumpf

(suite de Je m'appelle Maytook)
Donc j'étais arrivé au refuge de la SPAN ... Les gens ici étaient assez sympa, j'avais droit à deux repas par jour, j'étais sans arrêt avec d'autres chiens et personne ne me tapait jamais. Non, vraiment, c'est un endroit très sympathique que ce refuge, d'ailleurs, j'ai toujours plaisir à y retourner... Parfois, les maîtres nous y laisse Horis et moi quand ils partent et ne peuvent pas nous emmener avec eux. Horis, c'est bizarre, elle aime pas trop. On dirait qu'un refuge et des grilles ça lui fait peur, comme si elle y avait vécu de mauvaises expériences.
Enfin, c'est toujours la même chose : moi j'ai eu la chance d'attérir dans un refuge formidable où les chiens sont heureux, elle pas...

Bref, ma vie se déroulait là-bas en toute quiétude et j'aurais fort bien pu m'en accoutumer encore de longues années. Les employés étaient tous devenus mes copains, et je leur montrais à tous combien je les aimais en leur sautant dessus tout le temps. Quand parfois des apprentis venaient, ils ne me forçaient jamais a aller vers eux et restaient parfois plusieurs heures assis dans mon boxe en me lançant des biscuits pour que je vienne vers eux.
On finissait toujours par devenir copains.
On avait un rituel bien en place, et j'aimais ça... Ca me rassurait, j'étais dans un endroit connu, avec des bruits connus, des humains connus. Bon, je sautais beaucoup tout le temps, d'où mon petit nom de chien-kangourou. Mais c'est juste parceque je n'avais plus la forêt pour courir toute la journée et que mon énergie débordante avait besoin de s'exprimer. Ce que je ne pouvais pas faire en longueur, je le faisais en hauteur... un simple changement de plan spatial, rien de plus. La grande peur des employés était que je finisse par sauter par dessus les grilles, tellement je sautait haut !

Un jour, Laurence, une employée super que j'aime tout plein, a voulu m'emmener en balade... Elle a vu que j'avais tellement peur de tout qu'ils n'ont jamais recommencé ! Et pendant une année entière, on m'a laissé bien tranquille... avec les rituels qui recommençaient chaque jour, dans cet environnement sécurisant, sans peur, sans coups, sans faim.

Et puis un jour...

Je me souviens... je l'avais déjà vu une ou deux fois. Elle m'avait souvent regardé de loin, l'air intrigué, sans jamais osé m'approcher, sans prendre le temps de le faire.
Et ce jour là, j'étais en train de jouer dans la cour avec mon copain Keiko, un imposant rottweiller (qui a trouvé une famille avant moi d'ailleurs). Elle nous regardait, assise sur un muret. Keiko a été vers elle pour quémander des câlins, câlins accordés tout de suite d'ailleurs.
Moi je regardais de loin. Elle a essayé de m'appeler, me tétanisant immédiatement de peur : une humaine qui m'appelait !! J'étais prêt à fuir, elle a arreté de me regarder pour se concentrer sur Keiko.
Tiens...alors ça c'était pas banal... d'habitude, quand ils décident que tu dois y aller, ils arrêtent pas de te fixer et d'appeler. Elle est bizarre elle alors !
Alors bah au bout de quelques minutes, j'ai avancé un peu, elle m'a même pas regardé et continuait de caresser cette grosse peluche de gros rott !
Je l'ai contourné et vu que j'étais certain qu'elle me voyait pas, et ben j'ai avancé et j'ai été la renifler. Elle n'a même pas bronché ! Je la reniflais et même pas elle s'est retournée ! Elle s'en fichait de moi...

Alors je lui ai poussé le bras avec le museau pour attirer l'attention. Et l'air de rien, elle a commencé à me câliner aussi ! Une main sur la tête de Keiko, une main sur une de mes pattes. Je me suis enhardi, et j'ai été me coller contre elle pour avoir encore plus de câlins, qui sont venus sans attendre.

Elle sentait la joie d'être acceptée comme cela, tout simplement. J'aimais bien ça !! Et autour de nous, ça sentait la joie de me voir aller vers une inconnue aussi vite, ça sentait la surprise aussi.
Tout le monde pensait que ça y était, j'allais maintenant aller plus facilement vers les gens puisque j'avais été vers elle...

Oui mais elle, c'était la Grande-Rabat-Joie... MA Grande-Rabat-Joie. Je l'avais déjà choisie, mais elle ne le savais pas encore... Personne d'autre qu'elle ne serait mon humain, et ça je le ferais savoir par la suite !
Nous étions en juillet 2008...

(sur la photo : Bouboule, puisqu'il s'appelait encore comme ça, pris en photo dans la cour du refuge, juillet 2008)

Publié dans Maytook le lourdot

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S
ça c'est histoire qu'ai aimerait lire plus souvent pour d'autres congénères !passe un coup de lange à ta grande-rabat-joie en or de ma part !
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H
une très belle histoire et tu as réagis divinement! bon week end
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